DSP2 : Premiers Résultats
L’entrée en vigueur de la directive européenne sur les services de paiement (DSP2) n’a pas apporté les résultats escomptés selon le cabinet d’audit Deloitte.
Objectifs de la DSP2
La DSP2 est censée remplir deux objectifs :
- protéger les clients (usurpation d’identité, fraudes …)
- favoriser l’innovation, la concurrence
Thématiques de la DSP2
Pour ce faire, la directive européenne sur les services de paiement traite de trois sujets majeurs :
En premier lieu, la présence des Third Party Providers (agrégateurs de comptes, initiateurs de paiement…)
Les banques doivent mettre à disposition les données de paiement de leurs clients via le développement d’API spécifiques.
En second lieu, une authentification forte sera nécessaire dans les cas suivants :
- pour la consultation des comptes
- l’initiation de paiements de plus de 30 euros en ligne et 50 euros en boutique
- la réalisation des opérations engageantes
Cette authentification forte consistera à la combinaison d’au moins deux facteurs :
- un code/mot de passe sur un support (smartphone, carte SIM, etc.)
- une donnée biométrique (reconnaissance faciale, vocale, empreintes digitales)
Troisièmement, les droits des consommateurs sont renforcés avec notamment l’abaissement de la franchise en cas de paiement frauduleux par carte.
Les ouvertures de la DSP2
L’ouverture des données des paiements à des tiers est prévue pour le 14 septembre 2019. Il s’agit :
- des agrégateurs de comptes
Ainsi, ils permettent à leurs clients d’agréger, au sein d’une interface unique, l’ensemble de leurs comptes. On peut citer par exemple : Budget Insight, Linxo ou Bankin’ .
- des initiateurs de paiement
Ils proposent, en outre, de simplifier les émissions de paiement. Ce service est fortement utile pour l’e-commerce. On peut citer par exemple : MyBank, SlimPay, Trustly ou encore Sofort.
Lourdeurs de la DSP2
En revanche, cette ouverture s’accompagne de multiples lourdeurs :
- la forte sécurisation de l’accès aux comptes et de l’initiation de paiements
De surcroît, il s’agit d’appliquer une authentification forte pour chaque banque agrégée, à renouveler tous les trois mois
En conséquence, il existe un risque élevé de freiner fortement le développement de nouveaux services. A cela s’ajoutera un risque réel de perte de clientèle.
- le flou juridique
Le texte laisse une grande part à l’interprétation. On note en effet une absence d’harmonisation concernant la mise en œuvre de la DSP2 au niveau européen.
Ainsi, la France envisage une application du texte a minima : les Fintech devront respecter les solutions d’authentification forte des banques.
- limitation de l’offre de services
Les nouveaux acteurs sur ce marché ne pourront pas modifier la liste des bénéficiaires dites de confiance du client.
- l’absence d’élargissement du périmètre des API à des tiers
Des contraintes pour les banques
Les banques ont dû se conformer à la nouvelle réglementation DSP2. C’est un processus très complexe à mettre en oeuvre. Cela s’est traduit par :
- l’intégration de reportings
- la modification des outils de gestion
- la mise en place de nouveaux processus.
Une étape supplémentaire est prévue le 14 septembre prochain avec l’ouverture à des tiers du marché.
Piètres résultats de la DSP2
La directive européenne sur les services de paiement a été mis en vigueur le 13 janvier 2018. Un an plus tard, la révolution des paiements n’a pas eu lieu : on note seulement un seul résultat tangible : la baisse des droits des consommateurs de deux tiers. En effet, ces droits s’élèvent à 50 euros contre 150 euros un an plus tôt.
Par ailleurs, le reste des mesures y compris l’identification forte devra être mis en place en septembre 2019.
Conclusion
Ainsi, pour conclure, voici l’analyse de M. Julien Maldonato, Associé Conseil Industrie Financière, expert des sujets d’innovation et de transformation digitale :
« En stimulant l’innovation des banques traditionnelles sur leur domaine et compte tenu de la réticence latente des Français à partager leurs données, la DSP2 risque de réduire le marché des nouveaux acteurs »
Pour en savoir plus : source : Cabinet Deloitte
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