IA et travail : focus sur la profession comptable
Depuis quelques années, la digitalisation des process des entités a eu une répercussion sur la façon de travailler. Jusqu’à maintenant cétaient des emplois peu qualifiés qui ont fait les frais de l’informatisation des tâches. Il suffit de se référer aux entrepôts d’Amazon pour voir à quel point les robots règnent en maîtres. L’IA et le travail mettent en évidence l’importance à la fois de nouveaux process et des algorithmes associés.
D’ailleurs, une étude récente de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs a montré l’impact de l’IA sur le monde du travail. L’intelligence artificielle pourrait automatiser 300 millions d’emplois à temps plein !
Aussi, avec l’avènement de l’intelligence artificielle, une nouvelle étape a été franchie : les cols blancs ont de quoi s’inquiéter. Pourtant , le leitmotiv ambiant souligne que ce bouleversement technologique n’impactera que les tâches. De ce fait, les emplois devront être préservés.
Un peu de théorie économique … la destruction créatrice
Mais que dit les économistes sur l’innovation ?
A l’instar de Schumpeter, la destruction créatrice est, selon ce théoricien « la donnée fondamentale du capitalisme et toute entreprise doit, bon gré mal gré, s’y adapter ».
En fait, il part du principe que la croissance est un processus permanent de création, de destruction et de restructuration des activités économiques sous l’égide de l’innovation. Ce sont les entrepreneurs qui en sont les principaux acteurs.
« Le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais apparaît à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le ruiner. »
Joseph Schumpeter, Théorie de l’évolution économique, 1911/1926
Aussi, dans le contexte actuel, des innovations technologiques conduisent à la destruction de tâches mais aussi à la création de nouvelles activités. Ces emplois requièrent de nouvelles compétences autres que celles utilisées pour les activités courantes.
IA et travail : les gagnants et les perdants
En conséquence, parallèlement, l’apprentissage de nouvelles compétences s’avère être utile pour prendre en main ces nouvelles technologies. Aussi, dans notre économie de l’information et de la connaissance, la formation continue est plus que jamais utile et incontournable.
Qui plus est, l’automatisation couplée au phénomène de la digitalisation de l’économie a conduit à la création d’emplois. Ceux-ci peuvent être : soit, hautement qualifiés, soit, basiques. Ainsi, les grands perdants ont été les emplois exigeant des qualifications intermédiaires.
A noter que ceci est un réel paradoxe : dès lors, avec l’intelligence artificielle, il y a un regain d’emplois peu qualifiés. C’est notamment le cas dans le secteur de la santé (cela pourrait s’expliquer par le côté humain de ces professions) tandis que les cadres intermédiaires disparaissent peu à peu notamment les parajuristes, les télévendeurs ou encore les traducteurs.
Dans ce contexte : qu’en est-il de l’intelligence artificielle ?
Cette transformation numérique ne va pas sans risques et challenges de taille. En effet, étant donné les potentialités de l’intelligence artificielle, technologie disruptive à plus d’un titre, tous secteurs d’activité confondus, des problèmes éthiques se posent concernant l’ia et le travail. Cela explique l’amorce d’une réglementation dont les contours restent à définir.
Plus généralement, c’est un grand débat cornélien qui se pose aujourd’hui : les êtres humains ont-ils encore leur place dans le milieu du travail ? Et pour aller encore plus loin : Allons-nous coexister non pacifiquement avec les robots ? C’est ce qu’illustre, par ailleurs, le film « The Creator » (2023).
Sérieusement, sans aucun doute, l’intelligence artificielle va impacter des métiers, à l’instar de tous les postes qui contiennent des tâches répétitives.
Mais l’être humain a encore sa place dans ce monde. Cependant, pour s’y insérer, il est nécessaire de mettre en oeuvre de nouvelles compétences, parmi lesquelles la créativité, l’esprit critique ou encore la curiosité.
C’est dans ce contexte que le marché du travail plébiscite des fonctions comme ceux d’analyste de données avec une bonne maîtrise de logiciels comme Python. D’ailleurs, ceci concerne également la sphère comptable, à en croire le dernier congrès du conseil national de l’ordre des experts-comptables en septembre 2023. La data s’ancre désormais davantage au coeur de l’activité comptable.
IA et travail : des comptables plus créatifs
Ainsi, dans le domaine comptable, de manière évidente, il apparaît que les tâches répétitives devront disparaître.
En effet, parmi les tâches impactées par l’IA, il est possible de citer :
– la saisie des données
– le traitement de documents comptables et administratifs en matière de tri et d’édition
Autrement dit, l’intelligence artificielle peut prendre désormais en charge l’automatisation de tâches basiques.
Aussi, les collaborateurs peuvent disposer de plus de temps pour se consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée. Rien d’étonnant, les comptables du XXième siècle devront être capable d’analyser les données au lieu de faire de la simple saisie dans un logiciel approprié.
Concrètement, les comptables peuvent désormais extraire des informations ou encore se questionner sur des points précis. De même, ils peuvent faire preuve de pédagogie en expliquant à des non-financiers des résultats financiers ou des concepts comptables. Toutes ces tâches illustrent le fait qu’il est nécessaire de mobiliser des soft skills. En particulier, il convient à la fois de faire preuve de rigueur et être adaptable tout en mettant l’accent sur la résolution de problèmes. En un mot, être créatif.
De manière générale, les soft skills les plus demandés à l’avenir seront : l’écoute active des clients et le sens relationnel. Aussi, le contact humain est à l’honneur . On peut également ajouter les capacités d’analyse et de synthèse nécessaires pour traiter des données avec un esprit critique aiguisé.
Et l’avenir de la profession comptable dans tout cela ?
Toutefois, il reviendra encore aux professionnels du chiffre de programmer les machines et les applications. Et, plus important encore, et ce, en dépit des potentialités de l’IA, il restera encore à contrôler les résultats obtenus dans le cadre de ces processus innovants.
Désormais, focus sur le conseil et l’accompagnement des clients. Il incombe dorénavant aux comptables de faire des recommandations auprès des clients dans un contexte collaboratif. De même, ces professionnels pourront encore mieux définir les budgets et le reporting. Ils pourront alors se reposer sur l’IA mais aussi sur les outils numériques de la data analytics et du cloud.
Conclusion
Pour conclure, le monde du travail est en plein bouleversement avec l’intégration progressive mais inéluctable de l’intelligence artificielle. Selon les secteurs, ce phénomène accompagne et/ou fait suite à la digitalisation des entités, à l’instar, en France, du lancement de la facture électronique. Ainsi, la profession comptable se tourne de manière inéluctable vers le conseil où la touche humaine restera son principal atout.